ANDRÉ FRANÇOIS, GÉANT DES ARTS
ABBEVILLE 80
Conférence par Mme Janine Kotwica, proposée par la société d’émulation.
Mme Janine Kotwica, critique spécialisée dans l’illustration et les arts graphiques, commissaire d’expositions d’originaux en Europe, est l’auteur de nombreux articles dans diverses revues spécialisées. Elle assure des formations aux métiers du livre en France et à l’étranger. Amie d’André François et de sa famille, elle a fondé le Centre André François dont elle fut, de 2010 à 2014, la directrice artistique.
André François (1915-2005) fut l’un des plus grands graphistes du XXe siècle. Virtuose dans toutes les techniques, peintre, sculpteur, décorateur de théâtre, affichiste, dessinateur de presse, il fut aussi l’illustrateur de quelques inoubliables titres pour adultes et pour la jeunesse dont de nombreux, parus aux USA, ne furent jamais traduits en français. Le plus célèbre, Les Larmes de crocodile, fut traduit en 23 langues. Il illustra la Lettre des îles Baladar de Jacques Prévert, mais aussi Balzac, Diderot, Queneau, Vian, Jarry et tant d’autres…
Affichiste de génie, il créa des centaines d’affiches commerciales et culturelles. Certaines campagnes publicitaires, comme celle de Citroën ou comme le papillon-lecteur de L’école des loisirs, ont fait date dans l’histoire du graphisme et sont connues du grand public.
Décorateur de théâtre et de ballet, créateur de génériques de films, il collabora, entre autres, avec Gene Kelly, Michel Legrand, Roland Petit et Roman Polanski mais, homme discret s’il en fut, il fuyait les projecteurs et le tumulte des médias.
Il dessina avec jubilation dans la presse anglaise (Punch, Lilliput…), française (Le Monde, Le Nouvel Observateur, Télérama…), et surtout américaine (Fortune, Life, Vogue, The New York Times…). Consécration suprême, il publia, au New Yorker, une belle cinquantaine de couvertures. Son style balayait tous les registres, du tendre et joyeux au grinçant et douloureux : un talent multiforme exceptionnel.
Son courage, son talent, son énergie, son intelligence, son imagination, bref sa personnalité hors du commun firent de lui la « référence » aimée et admirée de trois générations d’illustrateurs à travers le monde. Ami de Ronald Searle, de Calder, de Folon, de Tomi Ungerer, de Pierre Etaix, de Ben Shahn, il influença durablement des personnalités aussi différentes qu’Étienne Delessert, Grégoire Solotareff ou Elzbieta.
Sosie de Gary Cooper à la dégaine de grand cow-boy solitaire et secret, André François, exposé dans le monde entier, vénéré aux États-Unis, adulé au Japon, fut, sans conteste, un géant des arts. (JK)
18h30, Le Rex – Centre Culturel, 21 place Clemenceau.
Infos : 03 22 24 00 03