Attentes … 🗺
BERCK SUR MER 62
LA LETTRE DU MUSÉE À DÉCOUVRIR AU BAS DE CET ARTICLE
Popularisé par les boutiques de souvenirs de plage qui en diffusent de multiples versions, le thème de l’attente a été largement partagé par les peintres et les photographes ayant fréquenté le littoral à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
Selon l’intention de l’artiste, des œuvres au titre identique peuvent toutefois prendre des significations très diverses …
Wait and see ? Wait and sea !
Les personnages mis en scène dans les tableaux sont des intermédiaires entre le spectateur et le paysage dans lequel ils se fondent et auquel ils confèrent un surcroît de sens. Le regard des pêcheuses de crevettes d’Eugène Chigot est tourné vers le large, dans une composition qui, comme celle choisie par Maroniez, s’ouvre vers la mer. Pour mieux en signifier la primauté, la matelote assise de Lepic nous tourne carrément le dos, fragile et solitaire, si petite derrière l’ancre qui envahit le premier plan, nostalgique…
Nostalgie…
Une fois posés les personnages, presque toujours exclusivement féminins, restent à choisir le moment et la lumière, moteurs essentiels de l’impression que le peintre veut partager avec le public. Dans ce domaine, c’est de la fin de l’après-midi aux lueurs du crépuscule que la magie opère le plus souvent : le temps est calme, les couleurs se fondent, la peinture est de silence et de sérénité. C’est l’heure des mauves et des roses, des opales qui peu à peu s’éteignent. Les matelotes de Marius Chambon tournent leur visage vers un soleil déjà disparu et, exceptées deux d’entre elles, assemblent leurs solitudes en un groupe compact. Elles sont toutes coiffées du traditionnel bonnet blanc – la calipette – sauf une sur laquelle le peintre a voulu attirer notre attention. N’est-elle pas la seule qui tourne vers nous son visage ?
Lassitude et accablement
Dans sa posture – tête posée sur la main gauche – elle exprime une réalité quelque peu dissonante dans l’harmonie ambiante. L’attente est aussi ce moment d’immobilité où l’épuisement tout à coup vous écrase. Mains ballantes sur les genoux, visage hébété, la matelote d’Eugène Trigoulet trahit sa condition de façon bien plus crue dans une composition où la mer et le ciel sont chassés du tableau.
Angoisse
Dans le répertoire des produits de l’Isle-Adam, l’attente du retour des pêcheurs aux prises avec le gros temps est un classique. Traité par Francis Tattegrain (“Nos hommes sont perdus”), ce sujet fait partie du registre des peintres “Pompiers”, avec une force de persuasion très variable selon le talent de l’auteur…
Musée d’Opale-Sud,
60 rue de l’Impératrice > jusqu’au 5 septembre.
Infos : 03 21 84 07 80
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